LES TRIMARANS NEWICK SONT AUTANT DE « STRADIVARIUS », ils sont presque tous en restauration Ou déjà restaurés par des conservateurs éclairés et leur valeur patrimoniale monte de jour en jour. Celui ci est le dernier trimaran sur lequel l’architecte a régaté en baie de San Francisco il y a peu d’années. Il est en état collection, NE LAISSEZ PAS PASSER CETTE OPPORTUNITE! DO IT NOW!! (VISIBLE W FRANCE)
Exemplaire en état collection avec un mât bois carbone époxy (W.Greene) récent. Présentation parfaite.
Petite énumération des modifications récentes.
Ensemble du gréement courant 2022 « Den ran »
Gréement dormant textile 2022 « Den ran »
Rails et roller de génois HARKEN 2022
Genaker « All Purpose 2022 »
Peinture de coque 2022 et de pont 2023
Radeau de survie 2019 acheté en 2021
Prix : | 80,000€ |
Poids: | 3000 kg |
Description
COMMENTAIRE/HISTORIQUE ET INVENTAIRE SOUS LES PHOTOS
PHOTOS RÉCENTENTES
Les trimarans de Richard Newick sont entrés dans la légende, cette reconnaissance signifie t’elle que leur nombre est définitivement limité à la flotte de collection existante ou des remises en chantier sont elles probables ? L’avenir le dira, mais nous avons voulu profiter du lancement d’un modèle Native 38’ restauré pour envisager une réponse positive à cette hypothèse et procéder à un essai (presque) comme s’il s’agissait d’une unité contemporaine.Le sorcier du Maine (surnom de Dick Newick) est un Ocean Surfer !
En 1979, lorsqu’il reçoit la commande de Moxie (50’, futur vainqueur de la transat 1980 et 3ème trimaran Newick de Phil Weld après Gulfstreamer et Rogue Wave), Dick a quitté St Croix, l’île des BVI qui a vu maturer sa pensée architecturale et naître ses premiers trimarans. Il vit maintenant dans l’île de Martha’s Vineyard et anime un groupe qui influence architectes, coureurs et constructeurs de la côte Est des USA, le chaudron bouillonnant de la créativité mondiale de l’époque. À la fin des années 70, Newick est unanimement reconnu par un petit sérail de coureurs (surtout américains et français) auquel se mêle quelques journalistes spécialisés et un noyau de touche-à-tout éclairés. Les succès en course des Newick frôlent pourtant le malentendu car la production de l’architecte n’est pas tendue vers ce but, il s’agit plus d’accomplissement personnel. Son interprétation visionnaire des lignes d’eau héritées du passé polynésien, à la fois intuitive et calculée, se combine avec une expérience directe de l’eau vive (En 1955 Dick Newick sillonnait l’Europe du Nord en Kayak !). L’appropriation immédiate et magistrale des possibilités offertes par la nouvelle technique du West System (bois moulé-époxy-verre) des frères Gougeon propulse la plastique de ses plans aux frontières de l’art et de la technique. La perfection conceptuelle de coups d’essai comme l’invention du prao Atlantique Cheers (12m, 1200kg, 3e de L’Ostar 68 avec Tom Follet), laisse pantois ! Sa planche à dessin est un creuset en ébullition et on s’interroge devant le mystère de la créativité foisonnante de ce dandy surdoué. Ses « formules » sont des raccourcis difficiles à interpréter, mais certaines d’entre elle, devenues célèbres, expriment en partie les attitudes qui guident son art. « Fast is fun » exprime son gout pour la vitesse, mais cet enjeu doit aussi se traduire par une belle navigation fiable, souple, précise et ludique. « Small is beautiful » n’est pas à prendre à la lettre, un trimaran de 15m peut être « Small » en langage newickien s’il est dépourvu d’artifices disgracieux, de complexité inutile et effleure l’eau sans faire de vagues. « Keep it simply stupid » : les créations de Dick sont furieusement spartiates et ignorent les compromis (le paradoxe est qu’elles sont difficiles à construire !) ; il évite comme la peste tout ce qu’il qualifie « d’inconforts modernes » et néglige la notion d’aménagement intérieur. L’essentiel est de surfer pour son unique plaisir !
complément historique par Paul Grant
I purchased her in Cape Cod, refitted her with Damian Mclaughlin in Falmouth, sat through Hurricane Bob in August of 1991, and then sailed her through the Panama Canal to San Francisco. I was the one who raced her in the San Francisco Bay race, which we won on corrected time, finishing second boat-for-boat to Aotea (a Jim Antrim design owned at the time by Peter Hogg).
Native : une silhouette inimitable
Est-il exagéré de dire que l’apport de Dick Newick se confond avec celui du West System ? Oui et non, car si le designer américain est loin d’être le seul à utiliser les possibilités du matériau, il en est l’interprète le plus exclusif et talentueux. L’étude du Native (n° 37 dans le cahier de plans de l’architecte) est signée du 11 septembre 1977. Le dessin est d’une élégance à couper le souffle et traduit l’intuition géniale du sculpteur d’une nouvelle forme de multicoque enfin parvenue à maturité. La cabine arrière, le volume médian acceptable (plus tard, dès le n°2, l’espace des ailes) conjugués à l’efficacité dynamique des carènes et à l’intelligence structurelle crédibilisent la définition course-croisière de ces modèles. En 1977, Newick avait 10 ans d’avance ! 35 ans plus tard, Native est toujours d’avant-garde.
10 000 milles pour renaître
Les réalisations de Damian Mac Laughlin sont légères et pourtant indestructibles sous réserve d’un entretien continu, Damian a construit de nombreux Newick dont le Three Cheers MK2 45’ Rusty Pelican, un autre Native du même nom ou le prao Eterna avec Christian Augé pour Jean Marie Vidal. Native est sorti du chantier du Massachussetts en 1978 et à connu un destin chaotique ; il n’a pas enrichi son palmarès d’intrépides victoires car il fut saisi par les douanes pour trafic (on aurait découvert à bord des substances illicites destinées à la consommation californienne de l’époque !). Lorsque Stephen Marcoe le rachète, le bateau est immobilisé depuis plus de 10 ans à Los Angeles ! Dès la mise à l’eau, il remporte le tour de la baie de San Francisco devant 375 bateaux de toutes tailles. Dick viendra parfois régater à bord. Revendu, le trimaran est à nouveau immobilisé au sec à Huatulco (Mexique, côte W) lorsque Charles Michel décide d’aller le chercher. Après un mois de préparation, en route pour le canal de Panama ! La remontée contre le vent de la mer des Caraïbes se passe bien, toutefois en quittant la Jamaïque, le cardan en inox de l’étai explose et Charles sauve le mât in extremis. Alerté par Craig Alexander (ex propriétaire de Moxie), Dustin gréeur de Fort Lauderdale débarque à Mayaguana avec un câble manchonné tout neuf. Toujours en solitaire Charles parvient aux Açores en mai 2013, le retour vers Sète s’effectue en famille et sans dérive (elle explose à Gibraltar !). À l’arrivée je trouve un bateau en bon état ; il faudra pourtant 2 années d’intense labeur pour le remettre en état collection.
Une restauration de 2 ans
Magnifiquement construit en red et yellow cedar sur des lisses en spruce et pièce de quille acajou, le tout imprégné d’époxy et parement en verre, Native est structurellement indemne, il sera quand même nécessaire de poncer intégralement les traitements peinture et de démonter tout l’accastillage. Il faut ensuite supprimer les puits de lumière verticaux qui dégradaient l’esthétique de la cabine arrière, refaire le logement du safran basculant et une partie du puits de dérive.
L’émotion du premier coup d’œil
Début juillet 2015, je découvre un bateau neuf, brillant de mille feux qui font vivre la laque blanche comme une peau frissonnante ; l’imposant module du splendide mât aile annonce clairement la connivence entre la plate-forme et le moteur vélique. De face, la finesse des trois étraves surprend, étonne ; ces formes audacieuses cherchent un accord avec la mer et les vagues au lieu de les affronter, c’est elles qui ont en charge la foulée, la capacité de franchissement, l’agilité du bateau. La fusion des lignes entre coques et bras est d’une élégance biomimétique rare, les proportions paraissent obéir à un nombre d’or quasi alchimique. La face avant du bras en carapace de tortue a aussi un rôle aérodynamique et plaque le bateau sur l’eau en optimisant la pénétration dans l’air. Les faces latérales verticales de la cabine sont percées de jolis hublots aux formes caractéristiques. La pente du pont de la cabine arrière préserve la ligne et le volume interne à la façon de Third Turtle (le Val 31 de Mike Birch 3e de l’Ostar 1976) ; cette « aft house » a été revisitée avec succès par VPLP pour le trimaran de 30m Macif .
Aménagement : Tout le nécessaire sauf le piano !
Rien ne décrit mieux le confort intérieur d’un Newick que cette boutade de Tom Follet à propos de son prao Cheers, dont la cellule centrale était d’une exiguïté sans équivoque. Dick a toujours prétendu que le confort à la mer de ses bateaux tenait à leur mouvement souples et pas aux volumes intérieurs, ce qui est indiscutable vu sous cet angle ! Native, toutefois est un trimaran de croisière-course et le volume interne a été préservé. Au centre du navire autour du puits de dérive (qui reste ouvert, la hauteur de l’appendice se règle de l’intérieur au moyen d’une cale en bois !), se trouve une petite cuisine avec étagères, évier et rangements, face au bureau table à carte. Une banquette sert de carré et il y a une couchette de veille. Vers l’avant, on traverse la cloison de bras qui donne accès à une couchette double. La descente est agréable et permet les échanges avec un cockpit réellement confortable pour des quarts de longue durée. Protégé par une capote maintenue par de solides arceaux, l’équipage est en sécurité au centre de la zone de manœuvre, à l’abri des embruns. L’accès à la cabine arrière s’effectue en passant sous le rail de traveller, il n’y a bien sûr aucun vaigrage et on vit au sein de cette cellule de bénédictin dans un cocon de frugalité heureuse. Un WC de caravane et un mini lavabo seront les seuls rappels de la civilisation extérieure.
Premières gammes à bord d’un Steinway nautique
Mercredi 1er juillet 2015 nous installons la girouette Windex en tête de mât (la seule électronique indispensable avec le pilote sur ces bateaux) et larguons les amarres. La manœuvre au moteur suppose quelques précautions, mais le positionnement presque central du 15 cv Yamaha combiné au poids réduit de l’engin et au fardage limité permettent des évolutions maîtrisées. La nouvelle grand-voile en dacron avec un rond de chute classique ne possède pas de corne ; elle est envoyée très facilement grâce aux coulisseaux à billes Harken. Aussitôt le mât orienté, il faut stopper le moteur et le relever presto pour éviter la trainée vaporisée des embruns. En quelques secondes, je comprends que je suis à bord d’un vrai Newick, au poids du plan ! Il n’y a pas 10 nœuds de vent, mais déjà les 3 pirogues se mettent en mouvement et la coque centrale semble disposer d’une suspension oléopneumatique. Au près serré, ce petit Moxie garde les attitudes de son grand frère, flotteur au vent bien décollé, il semble nager gracieusement en effleurant avec souplesse le clapot déjà formé. Avec 11 nœuds de vent réel, l’impression de vitesse est permanente, nous marchons entre 8 et 9,5 nœuds avec une grande régularité contre une mer d’Est qui se forme. Après 4h de route, nous sommes très au large et un petit contre bord s’impose pour retrouver la terre. Revirant à la plage, nous longeons ensuite le long trait de côte de la Camargue. Interminable pour beaucoup de bateaux dans ces conditions (au près avec du clapot, du courant et un vent contraire de 11-12 nœuds !), le Native me communique au contraire un plaisir peu commun. Sa vélocité gracieuse et volontaire, son toucher de barre unique restituent des sensations d’une délicatesse sublime qui transforment l’exercice ; l’équilibre est parfait, la barre totalement neutre. La nouvelle dérive en sandwich-carbone fonctionne à merveille, le mât rotatif équipé de sa jolie GV semble établir un rapport de complicité avec le vent, là haut. Cette alchimie entre les œuvres vives, le plan de voilure et la plate-forme est parfaitement sensible ; au lieu de lutter, Native semble aspiré… inspiré ? Les heures s’enchaînent sans aucune lassitude, je profite sans retenue du plaisir de jouer avec ce concentré d’intelligence et d’esthétique. Le vent monte un peu, je ne résiste pas au plaisir d’ouvrir le cap de quelques degrés et immédiatement le petit 38’ semble « tomber un rapport » et changer de foulée, 11, 12, 13 nœuds, quel engin ! Au delà des performances pures qui sont généreuses, ce châssis sport transmet au pilote le plaisir d’une conduite affutée, précise, envoutante. Native est sûr, mais attention, il est si excitant qu’il faudra garder le contrôle (de soi même ?) en toutes circonstances ! En arrivant à la Ciotat après avoir slalomé dans le vent faible autour des îles de Marseille (toujours le sourire au lèvres), nous déroulons le reacher, surfant avec 15 nœuds de vent portant, une arrivée spray au lèvres dans le stade nautique qui sonne la fin du parcours ; heureusement, j’ai encore 3 jours pour profiter de ce trésor !
Conclusion
Comme tous les Newick, Native échappe en partie à l’analyse rationnelle, ces trimarans américains ne sont pas très pratiques, ils occupent beaucoup de place au port et délivrent un espace compté à l’intérieur. Assez rares en occasion, ils sont chers à reconstruire et réclament de l’entretien… mais ils sont si beaux qu’on leur pardonne ces exigences de star. Rapide, élégant, simple à manœuvrer et assez confortable (selon les points de vue !), Native est emblématique de cette famille extraordinaire dans l’histoire de l’architecture navale et de la redécouverte des multicoques. Totalement abouti, rien ne pourra être amélioré sans déstructurer l’harmonie initiale. Est-il raisonnable de reconstruire un Native aujourd’hui ? La réponse est probablement non, mais comme aucun autre multicoque ne lui ressemble et que ses qualités nautiques sont exceptionnelles, cela semblera donc indispensable pour quelques amateurs éclairés. Ce trimaran au charme incomparable puise son origine dans le lointain passé polynésien ; réinventé par un artiste américain visionnaire qui a mis le feu aux poudres et chamboulé le rapport des bateaux de plaisance à la vitesse, il constitue un bel exemple d’inspiration transculturelle. La conception philosophique de ces beaux objets et leur dépouillement monacal en font aussi le symbole d’une relation repensée avec la nature, la technique et le plaisir de naviguer.
Fiche technique
Architecte : Dick Newick
Constructeur : Damian Mac Laughlin (Massachussetts/USA)
Matériau : West system (bois moulé, époxy, verre)
Poids : 2,7t
Déplacement : 3t
Longueur : 37,10’/ 11,30m
Largeur : 26,4’/8,04m
Surface au près : 74m2
GV : 50m2
Mât : Rotatif, composite West system
Motorisation : HB 15cv
Prix neuf (devis de reconstruction Technologie Marine) : 600 000 euros
PHOTOS 2022-23
Caractéristiques
Modèle / Version | NATIVE 38 |
Chantier / Boatyard | Mac Laughlin (USA Mass) |
Architecte / Architect | Dick Newick |
Année de construction / Launching year | 1975 |
Matériaux / Material | bois moulé époxy verre process West system |
Pavillon / Flag | Français |
TVA Payée / Paid VAT | oui/yes |
Longueur / LOA | 11,30 m |
Largeur / Beam | 8,04 m |
Tirant d'eau / Draft | 0,4/1,60 m |
Poids / Weight | 2700 kg |
Surface au près / Winward sail surface | 75 m² |
Système anti-dérive / Keel type | dérive centrale et safran relevable |
Motorisation / Engines | YAMAHA 15HP |